Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Comptes rendus des Rencontres nationales de Rennes


Une plénière avec Alexis JENNI, Prix Goncourt 2011

Alexis Jenni écrit depuis 1991 mais son premier livre publié est L’Art français de la guerre, récompensé par le prix Goncourt 2011. Apparemment,dit-il, les autres «n’en valent pas la peine».
 
Pourquoi être professeur de Science de la Vie et de la Terre et écrire un livre ?
 
Il voit l’écriture comme quelque chose d’intime mais n’a pas un métier qui lui permette de se rapprocher d’elle. Ainsi, il perçoit sa vie personnelle comme littéraire mais sa vie sociale est occupée par les sciences. La littérature est donc son grand amour.
 
 À propos de L’art français de la guerre, Alexis Jenni ajoute... :
 
Ce livre n’a pas vraiment un côté historique mais raconte plutôt une épopée. Alexis Jenni a un goût enfantin pour les films de guerre et d’aventures et son livre a en fait pris un côté historique alors qu’il relève de l’aventure et qu’il est, d’ailleurs, plus ludique qu’il en a l’air.
 
À propos du titre... :
 
Le titre fait une lourde allusion à l’art de la guerre tel qu'on le définit en Chine et les principes taoïstes. Ces principes sont en fait le non-faire, le fait d’aller dans le sens des choses.
Mais ici nous ne forçons pas comme en Chine, d’où l’art français. Celui-ci nous est donc présenté comme plus beau, ce qui est légèrement ironique et possède un côté OSS 117. Les guerres que l’on a le plus gagnées sont, en fait, celles que l’on n’a pas faites.
 
À propos des sources... :
 
Elles ont été nombreuses. Parmi elles les romans et, bien que des souvenirs de guerre ne se racontent pas bien, beaucoup de souvenirs humains, des vérités qui sont préférées à la dramaturgie romanesque. Mais certains passages sont également des inventions involontaires qui ont un rôle dans l’économie du moment ;  par exemple, le cas du militaire qui est à la fois peintre.
 
Pourquoi alterner roman et commentaire ?
 
Le but est de parler des échos de cette histoire dès l’instant, de faire un lien entre le passé et le présent.
 
Qui est le personnage principal ?
 
Le personnage, ayant un lien créé avec le narrateur à l’aide du dessin, est un peu décalé, il prend le temps de regarder autour de lui ; il est à la fois acteur et observateur.
 
Comment créer les autres personnages ?
 
La complexité des personnages lui vient au fur et à mesure et certains ont des traits de sa personnalité.
Ses personnages sont des mélanges, ils ont plusieurs faces et sont comme faits à l'encre de chine.
Peu de personnages de sexe féminin sont présents car le roman est monogame : le héros a juste besoin de la femme de sa vie, Eurydice.
 
Quand écrivez-vous ? et quel rapport avez-vous avec l’écriture ?
 
Pour écrire, Alexis Jenni s’organise comme il le peut, il écrit lorsqu’il en a le temps. Il se dit plus disponible d’esprit le matin et écrit, en fait, dans un café de Lyon ; rien n’est fait chez lui.
Si Alexis Jenni n’écrit pas il ne se sent pas bien et devient agressif. Pour lui, écrire n’est pas un acte narcissique, c’est construire quelque chose pour les autres ;  il dit également que « l’épanchement du moi, c’est la plaie de la littérature ».
Lorsque Alexis Jenni a fini son livre, il a d’abord été content, puis il a continué sa vie de manière tranquille.
 
Comment avez-vous réagi à l'annonce de l'obtention du prix Goncourt ?
 
Il n’est pas surpris de l’avoir car il était parmi les quatre derniers de la liste, il avait donc une chance sur quatre de l’obtenir. De plus, certaines rumeurs disaient qu’il l’aurait.
Le jour de l’annonce il a attendu 12h45, a essayé de lire, puis le téléphone a sonné :  il a obtenu le prix. Son réflexe a été de téléphoner à sa femme et ses enfants, il était ému et avait du mal à parler.
 
Avez-vous cependant des regrets concernant L’art français de la guerre ?
 
Il dit en avoir un peu. Il regrette d’avoir mal interprété les paroles du général Duval après le massacre de mai 1945 qu’il a citées de manière incomplète :  « Je vous ai donné la paix pour dix ans » le présente comme borné alorsqu'il a ajouté : "si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable." 
 
À propos de l’identité nationale tellement brandie de nos jours...:
 
Il ne croit pas à l’identité nationale, il est professeur de SVT. Le discours sur l’identité nationale va du caricatural au délirant.
 
 
Pour finir, Alexis Jenni n’a qu’un seul conseil à donner à ceux qui veulent écrire :  «Ecrivez !» L’écriture n’a pas de règles.
 
Notes de Margaux de T L,
rédigées par Alina de 2nde Blanche


13/02/2012
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