Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

La belle amour humaine - Lyonel Trouillot


Une longue route vers Anse-à-Fôleur

jeudi 6 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

La belle amour humaine est un livre écrit par Lyonel Trouillot. Il raconte une histoire se déroulant à Haïti. Le livre se divise en trois parties : Anaïse, Thomas et La belle amour Humaine. Nous allons ici parler de la première partie afin de ne pas tout révéler de l’œuvre, comme je l’ai déjà fait précédemment. La première partie qui se nomme "Anaïse", et d’ailleurs une bonne partie du livre, se présente comme étant un très long monologue de Thomas, le conducteur d’une voiture se dirigeant vers un village nommé Anse-à-Foleur. Ce long monologue s’adresse à une fille, qui comme vous pouvez le deviner s’appelle Anaïse, qui souhaiterait avoir plus d’informations sur son père. Thomas durant le voyage lui parle d’un incendie qui a eu lieu dans le petit village en question et qui a emporté avec deux bâtiments, deux hommes amis. Thomas révèlera donc de plus en plus de détails au fur et à mesure du livre.

 

Pour être franc, j’ai bien cru que j’allais détester ce livre à cause du début. Après avoir commencé le livre, j’ai trouvé quelques détails étranges. J’avais l’impression que Thomas parlait au lecteur et lui racontait une histoire sans aucune raison valable, c’est quand j’ai eu l’idée de lire le résumé au dos du livre que j’ai compris ce qui se passait réellement, le contexte. C’est pour cette raison que j’ai d’abord détesté le livre et que j’ai ensuite commencé à savoir l’apprécier.

 

Ensuite, Lyonel Trouillot parait avoir une vision vraiment négative de la ville, de ses occupants et de ce qu’on peut y trouver. Il écrit en effet ce qu’il pense pouvoir trouver dans une ville, il a même d’ailleurs un peu raison et utilise de nombreuses figures de style telles que l’énumération pour citer les différents défauts d’une grande ville. Thomas paraît aussi avoir en mépris les gens de la ville comme on peut le voir grâce aux "vous les gens de la ville ..." qui sont souvent répétés. Il paraît aussi surpris de l’attitude qu’un inspecteur a eue lorsqu’il est allé faire son devoir à Anse-à-Foleur, il paraissait surpris de ses manières, de sa façon d’être.

 

On a le droit parfois à des petits passages marrants qui prouvent qu’Anaïse n’a absolument rien à faire de ce que lui dit le conducteur. Ces passages sont reconnaissables lorsque Thomas dit par exemple "Tu dors ?" à la page 63 ou encore "...C’est bon, j’arrête. Je pourrais continuer longtemps mais tu risques de t’ennuyer" à la page 20. Ces petits passages en plus de donner un certain comique au livre sont aussi un peu intéressants car si on sait qu’Anaïse dort ou ne s’intéresse pas à ce que dit Thomas, on peut penser que ce que dit ce dernier dit s’adresse directement au lecteur qui reste la seule personne attentive. On voit aussi parfois que Thomas reste naturel avec Anaïse grâce aux mêmes passages mais aussi grâce à des petits accès de colère où on peut le voir utiliser un vocabulaire plutôt familier comme "se shootent" à la page 55 ou encore comme "coups de pieds au cul" à la page 65. Lyonel Trouillot reste donc naturel lorsqu’il écrit le long monologue de Thomas, il écrit comme s’il parlait à un ami. On peut aussi noter un fait intéressant qui est que Thomas prévient lui-même qu’il ne dit peut-être pas la vérité à la page 57, ce qui laisse le lecteur méfiant.

 

Même si dans cette première partie Thomas et Anaïse sont les deux seuls personnages dans cette voiture, le récit se centre aussi sur deux personnages que Thomas dit morts. Il s’agit d’un homme d’affaire et d’un colonel qui s’appellent Robert Montès et Pierre André Pierre, ils seraient tous les deux morts dans un incendie, dans exactement les mêmes conditions, nous précise Thomas. Les deux hommes étaient amis et avaient apparemment une réputation plutôt mauvaise à Anse-à-Fôleur puisque le colonel était connu pour frapper tout le monde lorsqu’il était plus jeune et pouvait s’approprier ce qu’il voulait en un claquement de doigts. Robert Montès lui aussi parvenait toujours à son but, grâce à son physique banal mais aussi grâce à ses méthodes très développées pour pouvoir escroquer quelqu’un. Les deux personnages sont mentionnés assez vite dans l’œuvre mais ils seront réellement présentés à partir des pages 65 et 66 ; ce qui pourrait laisser le lecteur curieux, mais personnellement j’ai cru que jamais ils ne seraient présentés, j’ai donc commencé à apprécier le livre à partir de ce passage qui fournit beaucoup d’explications.

 

L’attitude des villageois d’Anse-à-Foleur paraît aussi étrange puisque personne n’était triste lorsque les deux hommes sont morts. Il est même dit à un moment que la femme de l’une des victimes n’a pas du tout pleuré son mari. Cette attitude étrange est mentionnée dès la première phrase du livre lorsque Lyonel Trouillot écrit : "La mer avait été plus généreuse que d’ordinaire, et les pêcheurs avaient fait dans la journée une telle provision de sardes et de langoustes que, le soir venu, de retour au village, après avoir rangé leurs barques et rassuré leurs compagnes, ils consacrèrent leur temps à des chansons de mer, et, le regard levé vers les constellations, ils ne virent pas brûler les flammes de l’incendie."

 

Je vais conclure cette article par mon opinion sur La belle amour humaine. Comme je l’ai dit précédemment, je n’ai pas trop aimé le livre au début car le monologue de Thomas commence directement et le résumé au dos du livre est le seul moyen que j’ai eu de comprendre le livre. Je pourrais donc critiquer l’absence d’introduction ou d’une brève explication concernant qui est Anaïse, qui est Thomas, mais cela est aussi peut-être volontaire. J’ai même voulu arrêter la lecture du livre et passer directement à autre chose, mais il y a eu une progression, au fur et à mesure j’apprenais à aimer le livre. Peut-être est-ce à cause de la "longue" description des grandes villes au début du livre. Ou peut-être est-ce à cause de l’absence d’explication sur qui étaient le colonel Pierre André Pierre et Robert Montès. J’ai pourtant moyennement aimé le livre, mais je pense en fait que vu l’opinion que j’avais de l’œuvre au début, cela aurait pu être bien pire. Je pense donc que c’est un livre plutôt sympathique que nous propose ici Lyonel Trouillot et qu’il a fait un bon travail car il a ici présenté un long monologue qui n’est pas aussi lent que certaines choses que j’ai eu l’occasion de connaître.

M.M.


30/10/2011
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Ô toi, ma belle amour humaine...

jeudi 22 septembre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Si le titre de cette œuvre, "La belle amour humaine" peut tout d’abord t’orienter vers une belle histoire d’amour, son contenu en revanche t’emmène vers une histoire pour le moins étrange...

 

Anaïse. C’est lorsque j’ai aperçu ce prénom pour la toute première fois que j’ai su que c’était ce roman que j’allais choisir parmi tant d’autres. Ce prénom, disposant pour lui tout seul d’une page entière m’a totalement conquise. J’ai immédiatement voulu connaître ce personnage dans la mesure où ce prénom original m’enchantait. Tu me comprends j’espère ? Par ailleurs, si cet ouvrage dispose d’un titre très romantique, la première de couverture est elle aussi une source d’inspiration : ce coucher de soleil, cette mer, cette montagne que nous pouvons apercevoir en arrière-plan, et cet arbre te reflète exactement le village d’Anse-à-Fôleur que te décrivent Thomas et Anaïse tout au long de cette œuvre.

 

Comme tu as pu le remarquer, toi, cher lecteur, je te tutoie. En effet, dans ce livre dont la syntaxe m’a surprise, nous avons le sentiment dès la première page que le personnage qui est celui de Thomas et non d’Anaïse, nous parle à nous autres lecteurs. Lorsque j’ai lu cette toute première page, j’ai été pour le moins déroutée et déstabilisée, je ne savais absolument pas à qui ce personnage s’adressait. Néanmoins, c’est par la suite que nous comprenons petit à petit que Thomas s’adresse à Anaïse. Dès lors, au commencement de cette intrigue, j’ai tout d’abord pensé qu’une histoire d’amour aux multiples périples allait débuter ; or tout cela ne se déroule pas exactement comme on aurait pu l’imaginer.

 

 

Anaïse, qui est une étrangère à la recherche du passé de son père, décide de prendre son courage à deux mains pour ainsi se rendre dans le village natal de son paternel.

 

De ce fait, Thomas étant le guide de cette dernière, on observe que tout au long de cette histoire, leurs comportements changent, et ils tombent petit à petit amoureux l’un de l’autre. Thomas en gentilhomme qu’il soit, lui raconte les évènements les plus importants de son village, notamment le terrible incendie qu’il y a eu auparavant, faisant deux victimes, étant nuls autres que Pierre André Pierre et Robert Mantès, le grand-père d’Anaïse. Ainsi, nous apprenons au fil de cette intrigue qui étaient ces deux hommes, et ce qu’ils ont fait pour devenir les "clés" de ce roman.

 

 

Ayant tout d’abord apprécié cet ouvrage pour sa juste valeur et son style, j’ai néanmoins regretté le fait qu’il y ait une très grande ambiguïté à la fin. Effectivement, les personnages ne nous disent pas explicitement qui a commis ce monstrueux incendie. C’est à nous, et à nous seuls de spéculer sur cette fin stupéfiante. Cependant, avant de vous en dire davantage, je vous laisse profiter de votre lecture. Et j’espère que vous aimerez tout comme moi cette œuvre.                                        

 

Anastasia

 


30/10/2011
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Quand La belle amour humaine m'emporte...

vendredi 16 septembre 2011
par  CALAIS-CLASSE
 

Aujourd’hui, nous avons reçu certains des romans que nous allons lire pour le Goncourt. J’ai d’abord été impressionnée, voire quelque peu intimidée à l’idée de lire ces "pavés" en peu de temps. Mais j’ai rapidement été prise par l’envie irrésistible de découvrir ce qui se cachait derrière ces titres, de m’attacher à de nouveaux personnages... Je décide alors de me lancer et je commence ma lecture avec La belle amour humaine.

 

J’ai choisi ce livre-ci en particulier pour son aspect romanesque. Le titre me laisse imaginer une histoire d’amour qui se fonderait autour d’un deuil...J’entame donc ma lecture sans vraiment savoir à quoi m’attendre. En ouvrant le livre, on peut lire un extrait de poème de Guillaume Apollinaire et une citation de Jacques Stephen Alexis. Cela donne une tournure assez poétique au récit avant même qu’il ne commence, ce qui me plaît. Je tourne la page. Cette fois, il est écrit "Anaïse" sur une page. Or, le lecteur ne sait pas encore qui elle est, ce qui est assez déroutant. Ensuite, le récit en lui-même débute.

 

 

Ma première surprise a été de rencontrer la deuxième personne du singulier. Je me suis en effet demandé si c’était réellement à moi que le narrateur s’adressait. Cette caractéristique serait des plus flatteuses. Cela laisserait imaginer que l’auteur considère chaque lecteur comme étant unique. Mais au fil du récit, je me rends compte que ce n’est pas à moi que s’adresse le narrateur. Dommage ! Il s’adresse à une jeune fille qui veut savoir qui est son père. Au fil de ma lecture, je me surprends à vouloir, moi aussi, savoir qui est son père. Et puis il y a cet incendie dont les gens ne se préoccupent pas. Mais qui sont les responsables ? Le style d’écriture de Lyonel Trouillot me rend à l’affût du moindre indice pendant toute ma lecture. Je ne rencontre pas de passages où le rythme tend à se ralentir. Cependant je n’y trouve pas non plus de "dérives romantiques" comme le titre pouvait laisser croire, ce qui peut s’avérer décevant.

 

 

J’ai d’autant plus aimé la fin que le début de ce livre. En effet, il s’agit d’une fin vraisemblable. De plus, au fil de ma lecture, je comprends de mieux en mieux les personnages du colonel Pierre André Pierre et de l’homme d’affaires Robert Montès. En effet, Lyonel Trouillot décrit leur mode de vie de manière détaillée. Ces personnages, à qui tout semble réussir, me paraissent être utilisés en tant que contre-exemples. Dans une constante recherche du bonheur, Lyonel Trouillot nous apprend qu’il faut partager et ne pas tenir le monde pour notre propriété comme ils le font.

 

 

Finalement, La Belle Amour humaine m’aura surprise, de manière très positive. Je pense que Lyonel Trouillot a tort lorsqu’il écrit dans ce livre que "le roman est la plus vulgaire de toutes les forme littéraires puisqu’il raconte toujours quelque chose de banal." En effet, ce roman fait le récit d’une histoire qui est loin d’être banale.

 

Je sors de cette lecture en étant presque déçue qu’Anaïse ne reste pas plus longtemps à Anse-à-Fôleur !

Elise

 

 


30/10/2011
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