Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Limonov - Emmanuel Carrère


Limonov, un personnage qui suscite à la fois de l’admiration et de la répulsion...

lundi 3 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Par où commencer ? Il y a tellement de choses à dire. Tout d’abord, j’ai adoré le côté aventureux du personnage qui voyage de Moscou à New York, en passant par Paris. Et le fait qu’il passe de différents statuts sociaux en un clin d’œil (valet, clochard, poète ou encore guerrier). Ce personnage est constamment en mouvement. Cet aspect de son parcours m’a fait rêver.

 

De surcroît, ce qui n’est pas mal, c’est que ce livre n’est pas vraiment une biographie de Limonov mais également une histoire sur l’Histoire avec un grand H. L’histoire de la Russie, du monde après la seconde guerre mondiale et durant la guerre froide. On remarque de nombreuses références historiques intéressantes qui m’ont vraiment plu. Puis, on a aussi le point de vue d’un Russe sur les occidentaux qu’on ne connaissait pas forcément. C’est très pertinent. Ce livre est cultivant.

 

Par ailleurs, j’ai apprécié que ce livre ne soit pas seulement une biographie sur Limonov. En effet, parfois l’auteur nous explique un passage de la vie d’Edouard et parvient à faire le parallèle avec sa propre vie. Ce qui permet également de comparer ces deux personnages, lesquels paraissent totalement différents. Par exemple, l’un est issu d’une famille aisée et cultivée et il a passé une grande partie de son adolescence dans les livres. Et le second, issu d’une famille assez pauvre dont il a honte, a eu une vie d’aventure.

 

Cependant, il est vrai que ce personnage est assez énervant. Par exemple, je n’ai pas aimé chez lui cette envie de gloire et de puissance permanente. De plus, souvent son comportement devient inhumain (cf : quand il souhaite la mort d’un enfant malade). Il n’a pas de cœur.

 

J’ai été déçue de la fin, en réfléchissant comme l’a fait l’auteur, je ne sais pas vraiment comment aurais-je voulu que son histoire termine, en tout cas pas de cette façon. En effet, l’idée que Limonov vieillit avec sa petit famille dans une petite maisonnette ne correspond pas au personnage, mais bon... Cette fin me laisse perplexe et elle m’a fait réfléchir.

 

Je pense que j’ai aimé ce livre pour la même raison que l’auteur a voulu l’écrire ; ’’parce que Limonov a eu une vie passionnante. Une vie romanesque, dangereuse, une vie qui a pris le risque de se mêler à l’histoire’’. Ce personnage a beau être détestable, horriblement méchant et avoir eu une ’’vie de merde’’ comme il l’avoue lui-même, il possède en lui une part attirante.

Romane


29/10/2011
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Le petit Russe de Saltov qui souhaitait être fort

jeudi 29 septembre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Écrite par Emmanuel Carrère, Limonov est une œuvre biographique qui se centre essentiellement sur la vie d’Edouard Veniaminovitch Limonov, un écrivain poète et homme politique russe. Dans cette œuvre, Emmanuel Carrère utilise un style d’écriture assez "décontracté", sans "chichi littéraire" comme il écrit à la page 17. Ce style d’écriture donne d’ailleurs une bonne impression au lecteur, il donne en effet envie de lire le livre grâce à l’impression d’entendre une personne nous parler et cela facilite donc la compréhension du texte.

 

Le livre se divise en plusieurs parties, dont une introduction qui se déroule en 2008 lorsque l’auteur est alors chargé de s’intéresser à Edouard Limonov. Cette première partie reste malheureusement la plus intéressante grâce à ses "je" et aussi grâce à la façon avec laquelle Emmanuel Carrère commence l’introduction. En effet, le lecteur se retrouve immédiatement plongé dans la vie de l’auteur et cela peut surprendre et pousse aussi le lecteur à essayer de comprendre ce qui se passe, le contexte. On a parfois même droit aux pensées brutes de l’auteur, par exemple à la page 23 ; ce qui se révèle aussi intéressant. L’auteur ne se présente d’ailleurs qu’à la page 34, vers la fin de l’introduction, ce qui répond à beaucoup de nos questions le concernant.

 

Dans cette partie, on apprend aussi les motivations d’Emmanuel Carrère et aussi comment il a pu avoir autant d’informations sur Limonov (il s’agit en fait d’un carnet dans lequel il notait tout ce que lui racontait le Russe). C’est d’ailleurs à la fois un point positif et un point négatif de cette œuvre car elle est vraiment très précise et on est invité à penser en la lisant que l’auteur a vraiment fait un bel effort pour réécrire tout les petits détails de la vie de Limonov et c’est aussi là que l’on rencontre le premier problème de la biographie. En effet, le détail de chaque évènement à propos de la vie de Limonov rend l’œuvre vraiment trop lente, on a de moins en moins l’impression de progresser dans la lecture du livre après la page 100.

 

La première partie propose d’abord des anecdotes à propos de l’enfance de Limonov jusqu’à ce que celui-ci puisse raconter ses propres souvenirs. Dès les premières phrases de cette partie, l’œuvre perd déjà un peu de "tonus" par rapport à l’introduction, par contre Emmanuel Carrère garde une écriture décontractée et cela facilite encore une fois la lecture. La vie de l’auteur est naturellement bien moins présente mais il confirme tout de même certaines choses que raconte Limonov grâce à ses expériences personnelles.

 

Je ne tiens pas à raconter tout ce qui se passe dans le livre, c’est pour cela que je vais me limiter aux cent premières pages. Ce livre raconte l’histoire d’une vie entière et est donc très long mais on peut voir que Limonov a eu une vie particulièrement dure, notamment à Moscou où il connaît une profonde misère. Les passages où Limonov assiste à des viols ou change de sexualité peuvent paraître troublants mais je pense que Limonov est un bon livre, dont le détail est la principale force mais aussi le principal défaut. Cette biographie nous apprend aussi la situation de la Russie durant la vie de Limonov qui est né le 2 février 1943, que ce soit à Moscou ou en province. Personnellement, je trouve qu’Edouard Limonov n’est pas une personne que l’on peut facilement bien aimer, peut-être à cause de sa mentalité. C’est aussi l’avantage des passages durant lesquels l’auteur parle de sa propre vie, cela propose une pause au lecteur et permet de ne pas avoir un dégoût après avoir trop entendu parler de Limonov.

 

Je pense donc qu’Emmanuel Carrère a fait du bon travail en s’intéressant à Edouard Limonov, tous les détails de sa vie y étant, on peut imaginer que l’auteur en question était vraiment intéressé par l’homme russe mais je pense aussi que l’on s’attache mal à son œuvre, à cause de la quantité incroyable de détails qui rend les passages longs à lire mais faciles à comprendre grâce à son style d’écriture décontracté. Limonov est un livre intéressant si vous vous intéressez à la Russie de cette époque et à la politique. Même si la vie d’Edouard Limonov n’est pas faite pour les âmes sensibles, je recommande aussi ce livre aux lecteurs qui aiment savoir tout d’une personne qui vit dangereusement.

M.M.


29/10/2011
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Limonov ou un aventurier qui s’est brûlé les ailes

mercredi 28 septembre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Limonov, le héros éponyme du roman écrit par Emmanuel Carrère nous offre une étude approfondie sur l’homme avec tous ses défauts. Pourtant Limonov commence bien : on s’intéresse à ce petit bandit russe qui s’élève, voit plus haut mais dont l’ambition ne percera pas plus loin que le petit centre ville kharkhovien ; en effet Limonov ne se rendra même pas compte de son propre échec et continuera à subir ses effets lorsqu’il traînera tel un clochard en guenilles dans les rues américaines. Il se nourrira de ses femmes, essayant de dérober un peu de pouvoir et de richesse en flirtant avec elles, tel un insecte il s’accrochera au peu qu’elles peuvent lui donner pour ensuite continuer à ramper vers une promesse d’un avenir meilleur... car il faut bien le reconnaitre notre petit délinquant russe sait y faire avec les femmes et son succès avec les livres en Amérique et en France témoigne de la vie d’aventures sans richesses qu’il voulait dans un sens avoir au même titre que le pouvoir.

 

Finalement on est bien loin du dur à cuire décrit par Emmanuel Carrère au début du roman, il subsiste grâce à des femmes car il ne peut que se raccrocher au genre humain ; même s’il s’estime toujours comme le meilleur, il n’est en fait que le plus vulnérable. Ses livres sont d’ailleurs selon moi un ramassis de vulgarités pornographiques mais qui révèle la vérité sur le monde, la sexualité et les limites d’un homme détruit par une société de classes sociales aux frontières impénétrables. Limonov a certes eu une "vie de merde" comme il le dit lors de son entretien avec Emmanuel Carrère, mais il a d’abord eu une vie bien remplie qui permet à nous, petits jeunes qui ne connaissons rien, à apprendre et comprendre ce qu’est le système.

 

LP


29/10/2011
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Limonov-moi si tu peux !

dimanche 25 septembre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Comment résumer la vie de Limonov ?

 

Peut-être par une recette : "devenir célèbre en express", ou encore un mode d’emploi : "Devenir célèbre en 9 voyages seulement !". Il est vrai que la division du livre en fonction de l’itinéraire du personnage est attrayante. On peut s’attendre à un renouveau constant au sein du récit. C’est un peu le cas, mais Limonov reste le même. "La seule légende vivante qui l’intéresse, c’est lui" et je l’ai bien compris !

 

Au début, j’ai voulu apprécier cet écrivain underground, qui parcourt le monde de Moscou à Paris en passant par New York. Cela semblait être la vie rêvée. Mais tout compte fait, il s’avère qu’Edouard Limonov n’est pas aussi "cool" qu’il en a l’air. En amour, il se débrouille. Puis il tombe amoureux. Mais cet amour, Elena ne le lui rend pas. Alors il se rebelle, devient homosexuel. Il veut n’avoir besoin de personne, s’entraîne avec sa bougie... Mais finit par avoir besoin des gens. C’est la même chose en politique. Il commence par se rebeller, il s’enfuit. Il se débrouille tout seul jusqu’au jour où il décide de prendre plus de pouvoir. Alors il a besoin des autres. Finalement, je ne l’ai pas apprécié ce personnage. Même si le style d’Emmanuel Carrère m’a donné envie, chaque fois, d’en savoir plus. Tout compte fait, Limonov est peut-être fait pour que l’on adore le détester.

Elise


29/10/2011
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Limonov, ou l’incarnation de l’esprit russe


mardi 20 septembre 2011

par  CALAIS-CLASSE

 

L’idée que je me suis toujours faite des Russes est celle d’un peuple rude, dur, courageux, mais aussi autoritaire, et il en fallait de l’autorité pour lutter face aux cohortes fanatisées de Hitler. Bien qu’eux-mêmes soient poussés par la même forme de totalitarisme en la personne de Staline, il m’a semblé que le seul peuple de culture occidentale à consentir à de tels sacrifices humains (un peu plus de 20 millions de morts) était les Russes. Et, force est de constater que les quelques Russes qu’il m’ait été donné de rencontrer ainsi que ce livre donnent raison à cette idée.

 

En effet, ce roman a pour héros Limonov, personnage existant encore actuellement reconverti en prêcheur de la démocratie et des droits de l’homme alors que justement, il a méprisé tous ces idéaux instillés par les "couilles molles d’occidentaux", c’est du moins ce qui se ressent en lisant ce bouquin.

 

Je n’ai donc eu que peu d’estime pour ce héros ; celui-ci, dès son plus jeune âge a rêvé soit de dominer la société, soit d’aller à son encontre, ce qu’il n’a jamais cessé de faire. Bien sûr, le fait d’être à l’encontre de la société ne me gêne pas le moins du monde, non, ce qui me gêne, c’est que Limonov semble aller exactement et systématiquement dans la voie contraire que prend chaque société qu’il côtoiera. Or, les choses ne sont bien évidemment jamais si simples : si on juge le capitalisme putride en tant que prolétaire, il en sera de même avec le "socialisme" à la Staline. Ainsi, Limonov prêchera après la chute de l’URSS que le communisme était finalement très bien même si paradoxalement, il s’est exilé en 1972. Et, encore une fois, un semblant de paradoxe apparaît : les Russes ne sont que peu hostiles à ce genre de parole et détestent Gorbatchev pour avoir ruiné le pays, puisque, comme tout bon nationaliste, ils aiment à avoir un pays fort qui inspire la crainte.

 

Et pourtant, ce beau condensé anarchiste, fasciste et communiste que présente Limonov m’apparaît comme un minable, ne sachant cracher sa haine aux milliardaires qu’à travers ses autobiographies, ne "conquérant" l’underground soviétique qu’en "baisant une grosse" qu’il méprise et enfin, en jouant au soldat nationaliste serbe dans les Balkans. Néanmoins, comme le terme "jouant" peut vous l’indiquer, il y sera ridicule. Un autre point très irritant chez lui est le fait de ne supporter aucun rival. En effet, au vu du pouvoir autoritaire de Poutine, il serait normal qu’il soit parfaitement d’accord avec sa politique, mais, ce Limonov souhaite dominer, être le premier, le meilleur, le plus célèbre et il voit donc en Poutine un rival, tout comme il en a vu un en Brodsky lors de sa conquête de l’underground soviétique ; et cet égocentrisme, cette totale absence de distance envers soi-même le rend quelque peu idiot. Pire encore, sa perpétuelle quête de célébrité le rend d’autant plus ridicule que, voyant les faiblesses de l’humanité, la méprisant et se croyant le meilleur, il est étrange de vouloir à tout prix être reconnu comme tel puisque leur avis, en tant qu’êtres inférieurs à lui, devrait peu importer. Et, c’est d’ailleurs au Kazakhstan où il se trouve alors reclus et cesse de faire de l’esbroufe dans le but de briller qu’il accède à une certaine sérénité et qu’il m’est apparu comme presque sympathique.

 

En bref, ce personnage principal m’a fort irrité et, de ce fait, je ne peux affirmer que j’ai bien aimé ce roman ou cette biographie, je vous laisse le loisir de choisir. Certes, le livre est bien écrit, le style fluide mais voilà... Et, ce n’est pas tout, les avis de l’historienne de mère de l’auteur m’ont laissé plus ou moins perplexe, en plus de n’en avoir que faire ; comprenez-moi, en tant qu’historien, en faisant abstraction du nationalisme, on peut faire un travail de qualité, mais dès que l’idéologie s’en mêle trop, les historiens ont tendance à transformer l’histoire à leur propre compte et à une envergure telle que Big Brother par exemple, c’est pourquoi je considère parfois comme inutile de faire des recherches sur les deux derniers siècles à moins d’être libéré de tout préjugé politique, mais ce n’est pas le cas de madame Carrère d’Encausse... Je ne suis guère d’accord avec nombre d’entre eux, en particulier le passage sur les oligarques qui pillent la Russie sous Elstine : eux sont malhonnêtes mais leurs enfants grâce à l’éducation ne le seront pas ! Quelle vision romanesque du capitalisme ! Les enfants de ces milliardaires russes deviendront probablement plus élégants et vicieux, mais resteront toujours aussi pourris par l’argent que leurs prédécesseurs ! Il faut soit être diablement naïf, soit être de mauvaise foi, et je parierais pour la deuxième option, il en est de même pour l’auteur qui reprend sagement les propos de sa maman.

 

Cependant, je dois reconnaître que cela m’a tout de même laissé un agréable aperçu des mentalités russes ainsi que de leur culture. Foncièrement, ce n’est pas un mauvais livre, j’ai juste trouvé Limonov assez petit d’esprit, les quelques citations de la môman agaçantes. Mais en faisant abstraction de ses paramètres plus ou moins importants, on retire un plaisir évident et un savoir assez conséquent de Limonov.

RP


29/10/2011
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