Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

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Au sujet de "Avant le silence des forêts" de Lilyane BEAUQUEL

Ce 9 Janvier 2014, Lilyane BEAUQUEL nous a fait l’incommensurable plaisir de nous rendre visite au Lycée Pierre de COUBERTIN. Durant cette entrevue, elle nous a expliqué ce qui a pu la pousser à écrire son roman Avant le silence des forêts. 
D’où vous est venue l’inspiration d’écrire un tel roman ?
Si Lilyane BEAUQUEL a écrit un livre relatant de la Première Grande guerre, c’est grâce à l’une de ses amies qui l’a emmenée dans une région où elle n’était pas allée depuis longtemps. Elles se sont promenées dans un village détruit par les batailles de la Première Grande guerre où il ne restait que des panneaux indiquant la place des  bâtiments (« Ici était l’école », « ici était le maréchal-ferrant »,..). C’est un décor qui l’a marquée si bien qu’elle a décidé d’y retourner pique-niquer avec sa famille. Sur le chemin du retour, c’est dans un cimetière de guerre allemand qu’elle s’est arrêtée. Elle y est entrée, tandis que sa famille restait dans la voiture, comme attirée par ce lieu. Elle a commencé à écrire donc quelques informations sur ce cimetière telles que le nom des soldats allemands, souvent jeunes, morts au combat, ainsi que les phrases qui pouvaient les accompagner. Elle est retournée plusieurs fois au cimetière pour sa collecte d’informations, informations qu’elle obtenait en « écoutant » les tombes, en « enregistrant » tout ce qu’elles pouvaient dire ou révéler. Elle nous signale qu’«on écrit avec ses émotions ».
Pourquoi l’avoir intitulé ainsi ?
A vrai, le titre tel qu’il est aujourd’hui n’était pas le premier choix de titre de Mme BEAUQUEL. En premier lieu, ce roman devait s’appeler Le Trou de ce silence. Ce sont les éditions Gallimard qui ont souhaité le changement du titre.
Combien de temps avez-vous passé à écrire votre ouvrage ?
Lilyane B. a mis environ deux ans et demi à écrire son ouvrage. Au début, elle ne pensait pas être en train d’écrire un livre, elle a donc pris tout son temps, et continuait à écrire le soir, en rentrant de son travail.
Comment avez-vous fait pour publier votre roman ? Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
C’est lorsqu’elle a fait lire son manuscrit à une amie que celle-ci lui a dit de le publier. Elle a donc ciblé large et a envoyé ses écrits à une quinzaine de maisons d’éditions, sans obtenir de réponses favorables tout de suite. Les deux messages les plus encourageants qu’elle ait pu recevoir sont ceux des maisons d’éditions Minuit et Seuil qui hésitaient. En effet, pour ces deux maisons d’éditions, le roman nécessitait un rebond. Deux mois après avoir envoyé son roman, elle reçut toutefois un appel de Gallimard. Ils étaient intéressés par son histoire et lui ont dit que si jamais une maison d’édition lui envoyait sa réponse, ils accélèreraient la procédure. Gallimard a compris que Mme BEAUQUEL ne voulait pas de rebond, comme le proposaient Minuit et Seuil. Il a fallu faire lire le livre à un comité de lecture (généralement, ce sont plusieurs écrivains étant donné que rares sont ceux qui arrivent à vivre de leur plume, ils ont un métier à côté de leur passion), et lorsqu’ils furent réunis, ils ont voté à l’unanimité pour la publication de ce livre. Or, les rentrées littéraires se font généralement fin août et c’est à ce moment-là que le livre serait donc publié.
Comment votre roman s’est-il fait connaître ?
C’est tout d’abord grâce aux prix littéraires que le roman s’est fait connaître. En effet, il était sélectionné pour de nombreux prix et il en a remporté trois. Ensuite, c’est en partie grâce aux représentants de livres, qui après avoir lu le livre, ont été dans les librairies pour suggérer le livre aux libraires selon le public qu’ils peuvent avoir. Ensuite, c’est avec la médiatisation et les blogs que le livre s’est répandu. De nos jours, beaucoup de blogs sont visités et c’est un excellent moyen de se faire connaître. De surcroît, le premier roman d’un écrivain est toujours une source de curiosité.
Y a-t-il une histoire personnelle derrière ce récit ?
Non, on ne peut pas dire qu’il y ait une histoire personnelle, seulement certains passages dont un où elle s’identifie à un jeune garçon et où la scène est décrite avec la grand-mère de ce dernier, et où ils font des tartes et des activités ensemble. Elle aussi faisait des tartes avec sa grand-mère lorsqu’elle était plus jeune. Elle reconnaît s’être tout de même inspirée de sa vie personnelle pour certains passages comme celui-ci, mais surtout de ses émotions. Comme indiquée au dessus, elle écrit avec ses émotions et fait des analepses. Pour certains extraits du texte, elle a été chercher dans sa mémoire des souvenirs enfouis souvent douloureux étant donné qu’elle a écrit ce roman avec la nostalgie de son enfance avec le manque d’un grand-père qu’elle n’a pas connu mais dont elle se sent proche.
Pourquoi avoir choisi cette structure pour votre ouvrage ?
En premier lieu, lorsqu’elle a commencé l’écriture de son livre, la structure lui importait peu. C’est au bout d’un certain moment qu’elle s’est mise à travailler sur la structure. Dans son roman, elle voulait montrer à quel point tout se ressemblait, et ainsi on ne se rendait pas compte que le temps passait plus vite qu’il n’y paraissait, et la notion du temps était donc perdue. Les titres de ses chapitres sont des « mots lanternes », c'est-à-dire des mots qui illuminent et vous sauvent une journée, en clair un mot qui rendait la journée unique et différente de chaque autre, bien qu’en réalité, c’étaient toutes les mêmes. C’est ensuite que la structure du livre telle qu’elle l’est actuellement est venue.
Vous est-il déjà arrivé de relire votre livre ?
Oui, plusieurs fois, et quand elle relit certains passages, elle se demande comment elle a pu écrire cela, tellement certains passages lui semblaient « mal écrits ». Mais elle se dit que si elle les a écrits de cette manière, c’est avant tout parce qu’au moment où elle le rédigeait, c’était son humeur d’écrire comme cela, et elle se dit que même si au moment où elle le relisait, elle n’éprouvait pas les mêmes émotions, elle avait une bonne raison d’avoir écrit comme cela.
Sarah 
Nos impressions après cet entretien : 
-« J’ai relu le passage où elle évoque sa grand-mère, et je la trouve très « humaine » et vraiment sympathique ». Elle a écrit son livre en suivant ses émotions et j’ai trouvé cela vraiment super, ; cette entrevue était très instructive! ». Sophie 
 
-« J’ai trouvé son livre très poétique, bien qu’écrit en prose. Il était vraiment très intéressant de la rencontrer, pour qu’elle nous explique comme elle interprétait certains passages de son œuvre, en particulier le titre, pour lequel j’avais une interprétation, mais c’est en l’écoutant nous expliquer comme elle l’avait choisi que j’ai compris comme elle le voyait. C’est une personne très humaine, comme le disait Sophie, mais aussi très posée et calme, et puis aussi gentille, j’ai franchement hâte de lire son prochain livre En remontant vers le Nord qui est sorti juste aujourd’hui ! ». Sarah 


10/01/2014
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