Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Ti amo, Rom@ !


mardi 4 octobre 2011

par  CALAIS-CLASSE

Rome, Rome, Rome...

 

Un seul nom et une myriade d’images vous parviennent.

Rome, ville à la fois chargée du poids de ses différentes civilisations, maintenant éparpillées aux coins du monde, et des ses merveilles architecturales.

Rome, l’Eternelle, comme l’a surnommée l’Imperator Hadrien.

Rome, dont le soleil et la chaleur écrasent les touristes chaque année.

Rome Antique, Rome des Papes ou Rome Mussolinienne.

Rome, entourée par ses sept collines, qui forment un écrin pour cette ville divine, mystérieux joyaux de l’Histoire.

 

Mais qui aurait pu imaginer que la ville de Romulus pouvait penser ? En tout cas, Stéphane Audeguy l’a fait !

Dans Rom@, la ville est observatrice, se fond dans les personnes pour suivre leur histoire, tout comme des gens viennent ici pour son histoire à elle...

 

C’est dans des chapitres aux titres concis mais évocateurs que nous sont racontés des évènements à première vue sans rapport les uns avec les autres. En effet, il n’y a pas de lien, pas vraiment d’histoire. D’un chapitre à l’autre, on passe à autre chose. Cependant, il nous est donné une trame autour d’un jeu vidéo appelé Rom@. Dans les deux premières parties, on retrouvera ce schéma, car un chapitre sur deux s’intéresse à des anecdotes liés à lui, rappelant la structure de W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec.

 

Le jeu de réalité virtuelle Rom@ change des vies. C’est d’abord la vie d’un pauvre Indien, Nano, qui est bouleversée. Il aurait pu être condamné à nettoyer des toilettes toutes les journées de sa vie et à passer ses nuits en face du Taj Mahal, en offrant à des hommes des plaisirs qui feraient rougir les plus chastes oreilles. Mais c’est surtout son concepteur, Nitzky, qui change sa vie, en réussissant pendant un certain temps à suspendre son destin, en s’échappant de sa Pologne jusqu’au Canada. Et puis il y a Delenda Kartago, dont le patronyme nous évoque le "Carthago delenda est" de Caton l’Ancien. C’est un des meilleurs joueurs, poursuivit par le spectre de son frère jumeau, dont la seule existence est cette boule de chair poilue sur l’arcade sourcilière, à la naissance de Delenda.

 

Les autres chapitres contiennent de superbes descriptions des différents endroits de Rome, qui nous donnent l’impression de nous trouver devant la Fontaine de Trevi ou la Piazza del Popolo. Au milieu des merveilles architecturales, l’Histoire est toute retournée. Rome est fatiguée. Rome déraille. Anita Ekberg, qui a la dolce vita, se fait déchiqueter par des touristes, Audrey Hepburn, pendant ses vacances romaines s’évanouit et Mussolini revient hanter les rues. Ces évènements sont d’abord déroutants, surprenants, voire inquiétants. Pourtant, on se prend au jeu de Rom@ et l’on attend avec impatience de nouvelles horreurs.

 

Et nous ne sommes pas déçus. Le lien entre tous les récits est révélé dans les derniers chapitres. Rom@ prend le pas sur Rom@. La fiction englobe la réalité. Quand tout est détruit, il reste juste deux nourrissons. Des jumeaux. Une étrange coïncidence avec la légende de la fondation de Rome, dont l’auteur nous livre ici une nouvelle version.

 

Rom@ fait peur, dérange, nous met face à notre civilisation et son évolution. Mais, lu à l’envers, c’est aussi "amor", qui signifie, tant en italien qu’en latin, amour. Rom@, c’est un cri d’amour à la vie, un cri d’amour pour Rome, Roma æterna, que l’on aime avec toutes les folies qui la prennent.

Florentine



29/10/2011
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