Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

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La putrescence d'un personnage

mardi 25 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE


Le personnage de Paul-Jean Husson créé par Slocombe dans Monsieur le commandant est abject. Mais un tel personnage peut-il sans problème être personnage principal d’un roman ?

 

 

Il est vrai qu’un personnage négatif peut très bien être un personnage de roman : il est toujours bon de savoir comment de sales gens réagissent face à certaines situations. De plus, ce fait offre un effet dérangeant à l’œuvre... En effet, on peut se sentir plus proche de ce personnage alors même que dans Monsieur le commandant, Paul-Jean Husson, pétainiste invétéré, grand admirateur du nain moustachu, antisémite hystérique, nous répugne. Ce rapprochement révèle alors une fois de plus la nature humaine, odieuse et hypocrite. De plus, force est de constater que les personnages les plus intéressants sont ceux qui sont le plus ignoble.

 

Si l’on devait comparer cet ignoble Paul-Jean Husson au brave Limonov de Carrère, on ne trouverait que l’extrémisme et l’hypocrisie, ou du moins la mauvaise foi. Car Limonov considère comme minable l’antisémitisme ainsi que l’intellectuel de base ; ce à quoi correspond totalement Paul-Jean Husson. Enfin, Limonov cherche à être un rebelle face à la société, une nouvelle fois, cela n’est pas le cas de Husson. Au fond, le petit Edouard n’est pas bien méchant, il est juste idiot de se croire supérieur aux autres par son comportement de "rebelle". Husson est finalement, lui aussi, un véritable imbécile par son antisémitisme primaire et son avilissant comportement envers le commandant. Non, si l’on devait comparer Husson, ce serait à Céline, à ceci près que Paul-Jean Husson garde toute sa “raison”, qu’il ne délire pas et que ses écrits bien-pensants ne doivent pas être bien fameux.

 

De plus, notons ce personnage qui exhorte le retour des Français à la terre et aux anciennes valeurs se contente de vivre de ses rentes et de ses pamphlets antisémites et a pour loisir de forniquer avec les paysannes.

 

La forme épistolaire de ce roman renforce la bassesse du comportement de Husson envers le commandant nazi et nous permet de connaitre pleinement son point de vue : ce n’est plus l’auteur qui décrit un personnage odieux, c’est le lecteur qui doit trouver ce personnage odieux. A vrai dire, ceci est une très bonne idée.

 

RP

 



30/10/2011
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