Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Le sermon sur la chute de Rome : une réflexion sur la banalité de la vie humaine vers l'effondrement inéluctable des mondes

La mort, la prostitution, la violence ou le désespoir. Voilà ce vers quoi Ferrari nous amène dans Le sermon sur la chute de Rome. Jérôme Ferrari parle de l'Homme, de ses faiblesses et ses erreurs ; il peint dans ce livre la réalité d'une vie tragique, de vies tragiques et d'hommes qui après avoir erré finissent inéluctablement par "détruire ce qu'ils ont fait" pour citer Augustin, philosophe et père de l'Eglise latine dont l'idéologie est le fondement de la réflexion de cet ouvrage.

 

Ferrari fait usage d'un vocabulaire soigné, non moins expressif, sa rédaction flatte souvent l'œil du lecteur mais il n'hésite pas, pour rendre plus crédible une réalité qu'il veut banale et interpellante, à écrire des insultes, à faire jurer ses personnages qui parfois, abusant d'alcool, tombent dans la condition vulgaire et méprisable de l'humain.

 

Le roman s'ouvre sur la description d'une photo, déjà dominée par le champ lexical de l'absence, de la "fin", une photo de famille datant de 1918 observée par Marcel Antonetti qui espère y lire l'affection de sa mère sur un regard imprimé. Il est un vieillard seul et condamné, enraciné dans un village corse abandonné de tous. Ce village compte néanmoins un bar qui répète les aventures calamiteuses gérant après gérant, à chaque fois le pire penchant de l'Homme conduit à la faillite et la malhonnêteté. C'est alors que le petit-fils de Marcel, Matthieu, décide d'abandonner ses études de philosophie et de reprendre la gérance du bar avec son ami d'enfance Libero. Ils ambitionnent d'en faire un "monde parfait", un lieu de plaisirs et d'insouciance pour les villageois mais aussi pour toute la campagne alentour et les touristes de passage. D'abord prometteur, puis lucratif, l'établissement finit par suffoquer de la cupidité, de la malhonnêteté et des conflits qui naissent entre les hommes.

 

L'amour de l'argent et celui des femmes, tels sont les sujets de réflexion qui gouvernent la dérive de ce livre, la banalité à son paroxysme, le lecteur parcourt ce qu'il pourrait ressentir ou ce qui pourrait être sa réaction à la place des personnages. Ils ne sont pas fictifs, non les personnages de Ferrari sont tous ce qu'il y a de plus réels et ils sont les esclaves de leurs pulsions. La lecture de ce roman peut faire apparaitre l'humain comme presque bestial, il marque les dérives inévitables dues aux travers de l'espèce humaine, ce qui permet d'associer au roman un certain fatalisme. Ferrari, professeur de philosophie au lycée français d'Abou Dabi, interroge son lecteur en réalisant un parallèle entre la débauche générale des protagonistes et le sermon prononcé par Augustin en 410 après la chute de Rome : selon ce dernier, "le monde est comme un homme : il naît, il grandit, il meurt". Quelle fin, alors, pour "le meilleur des mondes possibles" créé par deux jeunes hommes idéalistes ?

 

Ferrari vous livrera la réponse, au dénouement d'une lecture élégante mais torturée, troublée et passionnante.

 

Blaise

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



14/11/2012
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