Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Un roman pas si tumultueux

 

Lame de fond de Linda Lê est un roman à quatre voix dont le personnage principal, Van, nous parle du fond de son cercueil. Malgré un début prometteur qui pouvait laisser espérer une intrigue palpitante, et pleine de suspens, la suite ne semble pas correspondre à nos attentes.

 

Les quatre voix, de Van, sa femme, sa fille, et d’une certaine Ulma, auraient pu nous faire vivre une histoire aux multiples péripéties, par les relations tumultueuses qui les lient. Ce n’est néanmoins pas le cas : les personnages semblent tous ancrés dans une banalité soporifique, sans véritable ressenti ou même point de vue. Le lecteur ne parvient pas ou peu à s’attacher à ceux-ci, n’arrivant pas, finalement, à les comprendre même si certains, comme Laure, une adolescente à problèmes qui tente de faire son deuil, peuvent parfois nous interpeller. L’action n’est pas du tout présente, hormis l’accident qui a mis un terme à la vie du personnage principal et qui est raconté plus tard dans le récit. Ainsi, tous ces personnages se décrivent les uns les autres, ou donnent des renseignements sans rapport avec la trame principale, comme Ulma, qui nous raconte l’histoire de sa mère.

 

La construction du roman lui-même participe à la lassitude du lecteur. Même si les phrases longues et étayées de nombreux exemples aident à nous plonger dans les différentes situations et endroits où les personnages se trouvent, le manque d’action et la quantité des descriptions ainsi que leur longueur ennuient profondément, et on se perd souvent dans le flot de mots et d’auteurs cités. Aussi, le nombre d’analepses est saisissant, et, si certaines aident à revivre des morceaux de leur passé, elles sont trop nombreuses pour être toutes utiles. Néanmoins, elles traduisent le peu d’avenir qu’il leur reste à tous, désormais, et ce pourrait être l’unique chose apportée par le livre, la compassion qu’on éprouve pour toutes ces personnes, qui ont certainement chacune gâché la vie des autres et la leur.

 

Les thèmes abordés sont réellement intéressants mais souvent un peu clichés, comme l’amour, qui ici s’exprime de beaucoup de façons différentes ; d’abord l’amour marital, qui semble avoir fané avec les années, l’amour fraternel mais aussi l’amour paternel. Tous semblent réciproques, mais sont chacun ou presque si sordides ou impromptus qu’ils rendent mal à l’aise, restant néanmoins bien relatés, et l’histoire reste tout à fait vraisemblable. Le fait qu’on voit à travers les yeux d’un homme qui vient de mourir aurait pu faire de ce livre, quelque chose de captivant. Cependant, j’ai eu l’impression qu’il n’aurait pas été plus différent s’il avait été vivant. On s’attendrait à de nouveaux thèmes, peut-être un peu plus profonds, que Van fasse un bilan de sa vie, de ses regrets ou au contraire de ses joies, alors qu’il se contente de nous raconter son passé de façon presque banale.

 

En conclusion, sans s’attendre à un roman fantastique ou policier, ce que le lecteur serait en droit d’espérer, étant donné cet incipit insolite, on aimerait au moins un peu d’action. Et, même si on apprend parfois des choses surprenantes, l’action est figée par la mort d’un personnage qu’on n’a pas réellement envie de connaître.

Tabatha

 



05/11/2012
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