Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

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Retour à Killybegs : une oeuvre engagée ?

samedi 29 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Si en premier lieu, Retour à Killybegs m’a donné l’impression de raconter une histoire banale sur les relations familliales qu’un fils peut avoir avec son père, je me suis rendu compte au fils de l’histoire que j’avais tort. En effet, après son succès en 2008 où Sorj Chalandon publiait Mon traître, roman à clefs autour de la figure de Tyrone Meehan, activiste de l’IRA dont on découvrait, dès les premières pages, qu’il avait trahi les siens pendant plus de vingt ans. Sorj Chalandon déverse dans ce roman toute l’admiration, toute la déception et toute la rancune que lui ont successivement inspirées un pays qu’il avait démesurément aimé. L’Irlande était pour lui une patrie. Néanmoins, c’est dans son nouvel ouvrage que Chalandon nous révèle comment et pourquoi un homme serait prêt à tout pour défendre sa patrie, et comment il la trahit pourtant.

 

Ainsi, nous retrouvons deux personnages clés, qui font de Retour à Killybegs une oeuvre engagée. Patraig Meehan est un nationaliste Irlandais, violent envers ses enfants quand il boit de trop et animé d’une haine sans égale envers les britanniques. Dès lors, ce personnage aussi méprisable qu’il peut être nous montre à quel point un homme peut être anéanti par la guerre et la violence. Patraig Meehan, "gueule cassée" et traumatisé par la violence est prêt à tout pour détruire les Anglais. Cependant, ne pouvant pas assouvir son désir, ce dernier se réfugie dans l’alcool et se met à frapper ses enfants. Chalandon montre ici comment un père, aussi aimant qu’il ait pu être autrefois envers sa progéniture, peut changer.

 

Entre brutalité et misère, Tyrone grandit. En 1941, Patraig Meehan décède. Toute la famille quitte Killybegs et s’installe à Belfast chez l’oncle maternel. Agé de seize ans, Tyrone rentre dans l’IRA afin de se prouver à lui-même qu’il est capable, tout comme son père, de combattre les "British" ; ce qui est sans nul doute une évidence pour lui. D’abord engagé dans les Fianna, il devient un combattant actif jusqu’au moment où il tire malheureusement sur son meilleur ami ; ce qui comme nous pouvons le dire résulte de l’ironie du sort. Ainsi, Chalandon nous révèle dans Retour à Killybegs, les protestations des prisonniers pour revendiquer le statut de prisonnier politique, les grèves de la faim. De même, l’auteur nous montre également comment on peut renier un enfant de la patrie. L’homme est ici susceptible de croire ce qu’il veut croire et d’entendre ce qu’il veut entendre afin de se trouver un coupable à désigner. Chalandon, par le courage de Tyrone nous révèle en réalité toute la lâcheté de l’être humain. L’assassinat de Tyrone à l’âge de 83 ans nous prouve bel et bien quel point l’homme est faible et nuisible pour autrui.

Anastasia



31/10/2011
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