Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

De 1984 à 2011, d’Orwell à Reinhardt, le système victorieux

lundi 3 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

 

 

Au premier abord, j’étais d’accord avec nombre de critiques énoncées contre Le Système Victoria... Oui, ce roman est un récit pour le moins glauque, hard, à la limite de la pornographie et où le plaisir de lire est totalement différent des autres œuvres proposées pour le prix Goncourt. Et pourtant...

 

 

Commençons par les deux protagonistes, plus particulièrement le personnage principal du récit dont nous suivrons les pensées nommé David Kolski. Ce chef de chantier se révèlera minable dès les premières pages du récit au vu de son comportement envers sa femme. Néanmoins, il nous apparaît aussi comme résolument humain, avec ses nombreux défauts et ses quelques qualités. Victoria, elle, est plus mécanique à l’image de son système, femme à l’apparence austère, directrice des ressources humaines pour une grosse entreprise et qui se révèle être une "bête de sexe". En effet, respectant les bons préceptes du capitalisme, elle se laisse aller à toutes ses pulsions sans aucun contrôle.

 

 

Analysons le comportement de Victoria : celle-ci est véritablement une accro du sexe qui n’a aucune limite, tout comme le libéralisme, système dans lequel elle est parfaitement intégrée. Et c’est ainsi qu’elle entraînera ce brave David, idéaliste de gauche, dans son délire. Et, comme je l’ai dit plus tôt, David est chef de chantier, il doit diriger la construction d’une gigantesque tour. Naturellement, les pressions qu’il subit sont énormes et ce brave fils d’immigré polonais va se pourrir la santé en jetant toute son énergie dans l’accomplissement de délais inconcevables. Tout ceci dans l’intérêt des promoteurs immobiliers qui soit-dit en passant, ne lui témoigneront pas le moindre respect ou reconnaissance : il ne touchera même pas de rémunération supérieure et garde donc pour salaire 5000 euros, ce qui est assez élevé mais faible au vu du nombre d’heures et des pressions qu’il subit ; et ne parlons même pas des ouvriers qui ne doivent pas gagner plus que le SMIC... Et dans ce même système, Victoria, lorsqu’elle ment aux syndicats, se retrouve dans un hôtel 4 étoiles payé par son entreprise avec un salaire annuel de 350 000 euros. Naturellement, en conclusion de cette critique du capitalisme, Victoria mourra, entraînée inéluctablement dans la folie de son système...

 

 

Cependant, ce roman n’est pas qu’une simple critique du capitalisme. En effet, quand David Kolski tombe amoureux de Victoria, son amour lui procure une énergie folle et les délais de la tour semblent moins colossaux qu’auparavant. Il a donc gagné en énergie, en efficacité. Néanmoins, il n’en récoltera aucun avantage et restera toujours plus ou moins lié tel un esclave à la construction de cette tour.

 

 

Ainsi, le personnage de ce roman a de nombreux points communs avec Bardamu, acteur passif, marionnette bringuebalée à travers un monde dont il perçoit la profonde horreur sans être capable d’y échapper. Il en est de même pour le héros de 1984, à ceci près que Winston est totalement seul contre Big Brother et que malgré cela, lui tentera de lutter.

 

RP

 

 



29/10/2011
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