Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

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La jolie parenthèse

vendredi 28 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Le style poétique et fantaisiste de Véronique Ovaldé se révèle dans les nombreuses parenthèses que l’auteur intègre dans son récit. En effet, ces dernières sont omniprésentes et nous apportent souvent des précisions sur les sentiments plus complexes des personnages et leurs pensées. Par exemple, prenons la page 56 : "Il l’aurait prise pour une folle ou une pauvre femme en perdition (et Vida elle-même ne parvenait pas à comprendre pourquoi elle se comportait ainsi avec ce policier qui n’était avec elle que d’une courtoisie pleine de réserve - mais justement cette retenue était rassurante et presque engageante)". Cette volonté de précision, qui pourrait s’avérer inutile pour certains, permet de mieux comprendre la perception des personnages et ainsi d’évoquer le passé, ce qui apporte donc des indications sur leur histoire. De plus, ces parenthèses parfois permettent à l’auteur de glisser une touche d’humour. Je me souviens avoir souri à plusieurs reprises à leur lecture. Cette mise entre parenthèse intègre donc des paroles qu’un autre auteur n’aurait peut-être pas mises, mais elles servent à dire ici ce qu’on ne formule pas. Si dans certains récits, les parenthèses peuvent se révéler inutiles et être supprimées sans risque de changer le cours du récit ; dans le texte de Véronique Ovaldé, elles prennent tout leur sens.

 

Ensuite, le style de l’auteur fait que l’intégralité de son œuvre sonne comme une poésie. En effet, l’auteur elle-même déclare que mettre des titres à ses chapitres plutôt que de les numéroter est comme nommer un poème. Il est vrai que des titres tels que "Mon chagrin" ; "Le silence" ; "Attache-moi"... font de ce livre un recueil d’œuvres poétiques. Quant au titre du livre lui-même, il est également plein de lyrisme. En effet, Des vies d’oiseaux connote la légèreté, la liberté ... il nous évoque une vie douce, aérienne, loin de toute forme de contrainte ... Ce titre rappelle à quel point la vie des personnages ressemble à la vie de ces petits êtres : des vies légères, curieuses, minuscules ... L’auteur assimile d’ailleurs les personnages à des espèces bien particulières. Ainsi, le jeune couple que forment Paloma et Adolfo ressemble à des coucous, qui vivent par le biais des autres. Vida est assimilée à une perruche et son mari, Gustavo, à un dindon. Le prénom de Paloma signifie Colombe en espagnol.

 

Quant aux noms des lieux, Veronique Ovaldé ressent le besoin de créer des villes imaginaires afin d’être plus libre dans son récit et éviter d’être embarrassée de l’Histoire. Il est vrai qu’ainsi nous sommes totalement libres de nous imaginer le décor dans lequel les personnages évoluent. Mais cet intérêt pour l’Amérique Sud-latine vient du fait que cet endroit du monde lui est très familier puisqu’elle a des connaissances en Argentine. De plus, l’auteur fréquente beaucoup les quartiers/lieux chiliens et cubains de Paris et se sent très proche de ces personnes. La littérature américano-latine l’a également beaucoup inspirée.

 

Concernant les différents points de vue que nous offrent le récit, ils nous permettent de mieux comprendre certains aspects de l’histoire qu’une seule version ne peut nous donner. Nous pouvons prendre pour exemple le fait que Paloma ne laisse pas d’indice à sa mère pour lui approuver sa présence lors des squattages de sa maison. Du point de vue de sa mère, celle-ci s’interroge et, de ce fait, nous aussi. Quand le récit se place du point de vue de Paloma, nous avons la réponse à cette interrogation. Ne pas laisser d’indice est comme un code, comme la conforter dans l’idée que c’est bel et bien son enfant qui est venue. Le dernier chapitre, raconté par un narrateur omniscient, est très intéressant car nous retrouvons en quatre pages tous les personnages évoqués dans le roman à un instant T, "l’instant précis où Paloma sort de la nouvelle maison de sa mère".

Marie



31/10/2011
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