Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Murmure-moi ce silence...

mardi 4 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Carole Martinez continue de nous envoûter ! Après Le cœur cousu, l’auteur nous fait nous emmène de nouveau vers une drôle de rencontre. Après le refus de se marier à un homme qu’elle n’aime pas, Esclarmonde coupe son oreille, et décide de se faire emmurer. Son père, qui l’aimait d’un amour incomparable, ne supporte pas ce choix... et la viole. Esclarmonde, qui signifie "éclaire le monde", a donc refusé cette lumière du monde et la fuit. Une fois à l’intérieur de ces murs, elle voue sa vie à Dieu qui est son seul mari... ainsi qu’à son fils Elzéar. Elle est tout de suite comparée à la vierge Marie puisque seul son père connaît la vérité sur cette naissance, du moins au début.

 

Le choix de cet endroit, le domaine des murmures, nous emmène à l’exact milieu entre le réel et l’irréel. Les âmes chuchotent la nuit parmi tout ce silence... Ces murmures nous renvoient également au choix du silence qu’Esclarmonde a fait. Mais ce livre n’est pas qu’un monde de prières et de bénédictions, bien au contraire, cette austérité laisse souvent place à de nouvelles péripéties qui instaurent l’ambiguïté tout au long de cette histoire.

 

Ce style propre à Carole Martinez me plaît vraiment, ce mélange de fantastique mêlé aux vérités du monde est très intéressant. Elle ne s’éloigne pas d’un autre auteur, qui est Pascal Quignard. Leurs écritures ont en commun cette voix unique derrière les mots, cette musicalité singulière. Martinez fait également, elle aussi, preuve d’érudition grâce à sa parfaite connaissance de l’époque médiévale, dont elle ne fait pas vraiment la reconstitution dans ce roman, mais mieux que cela : elle nous fait vivre cette époque. Je pense qu’elle se rapproche de Quignard dans le sens où, par exemple dans Tous les matins du monde, il est question du choix du silence d’un mari veuf, homme taciturne, et qui ne sait s’exprimer que grâce à sa musique. Ici, il est également question du silence, de cette coupure des autres à cause du choix qui peut paraître étrange, mais très puissant, de cet écart au monde d’Esclarmonde.

 

Sûrement l’un des meilleurs romans que j’ai lus ce mois dernier !

Au carrefour des vivants et des morts, Carole Martinez redouble de créativité et de belles idées.

Margaux R.



29/10/2011
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour