Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Sur les traces des Goncourt, lectures lycéennes

Un bon Souvenir de lecture

lundi 3 octobre 2011
par  CALAIS-CLASSE

 

Quand on ouvre Les Souvenirs, la première phrase comporte une certaine tonalité tragique qui pourrait nous faire refermer le livre, mais, en allant jusqu’au bout du paragraphe, on trouve le premier des traits d’humour présents au fil des pages et qui évitent que nous nous apitoyions sur les évènements qui bouleversent le récit.

 

Une des caractéristiques de ce roman sont les passages en italique, qui relatent les souvenirs de personnes évoquées auparavant, comme une parenthèse de poésie. Le style naturel de l’auteur, qui créé une distance vis-à-vis du texte d’un roman qui fait du bien par les temps qui courent... Les notes de bas de page apportent aussi leur contribution à cette petite dose de légèreté.

 

Un des personnages les plus attachants du livre, à mon humble avis, est sans conteste Denise, la grand-mère du narrateur. Touchante victime de ses trois fils qui pensent agir au mieux. Malicieuse, elle a une grande force de caractère et trouve le courage de s’enfuir pour retrouver sa Normandie natale. Nous sommes plongés dans ses souvenirs quand son petit-fils arrive à la retrouver dans un hôtel. Son périple jusqu’à cette journée d’écolière arrêtée dans la fleur du CE2 ne peut évidemment s’achever que par sa mort, mort qui conclut la vie d’une femme sensible et qu’on a envie de prendre dans ses bras.

 

La description de la maison de retraite est frappante de réalisme (vous irez vérifier à vos risques et périls !) On a l’impression de parcourir nous-mêmes les couloirs, d’en respirer l’odeur, et d’arriver face au fameux tableau de la vache, monstruosité de plus parmi celles de cette maison. Pourtant, ce tableau, aussi insignifiant et hideux qu’il puisse paraître, a un grand rôle dans le déroulement des évènements, puisqu’il sera souvent fait référence à cette "croute" pendant le roman. La fugue de la grand-mère nous rappelle que malgré tout certaines personnes âgées ne peuvent s’habituer à cette nouvelle vie.

 

L’agencement des différents éléments du récit est superbement fait et laisse transparaître l’ironie du sort. Par exemple, c’est à l’enterrement de Denise que la relation entre le narrateur et Louise prend véritablement forme. Ou encore, c’est quand il annonce son mariage à ses parents qu’eux lui annoncent leur divorce, le laissant dans une certaine stupéfaction.

 

Cette surprise face à un acte qu’il n’a su voir venir nous montre l’importance du problème de la communication dans la famille, un des thèmes du roman, comme le jeu de l’amour et du hasard dont de nombreuses illustrations nous sont données.

 

Les Souvenirs, c’est, pour tenter un résumé, un roman chargé d’émotions, de personnages avec des problèmes réels, que nous pouvons tous connaître un jour. La dernière journée au CE2 de Denise, l’affection que lui portent des enfants qui ne la connaissent pas et ses inexorables conséquences constituent pour moi l’un des passages les plus marquants.

 

L’évolution du personnage du narrateur, qu’on peut au premier abord prendre pour l’auteur lui-même, est attendrissante. Son rêve est de devenir écrivain, mais il se trouve médiocre et fini par être confronté à la page blanche. Ce n’est qu’à la fin que se produira le déclic qui libère sa plume.

Florentine



29/10/2011
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